Prix négatifs: les cadeaux de l’An neuf

En Allemagne, Belgique, France et Suisse, des prix négatifs ont été enregistrés sur le marché spot de l’électricité le 1er janvier 2018. Le niveau le plus bas a été atteint en Allemagne avec -76,01 €/MWh. En Belgique, les prix s’élevaient à -31,82 €/MWh, tandis qu’ en France et en Suisse, les bourses affichaient respectivement des prix de -23,57 €/MWh et de -10,48 €/MWh.

Ces prix négatifs s’expliquent par une production éolienne importante en Allemagne et une faible consommation liée aux fêtes de fin d’année. Pendant certaines heures de la journée du nouvel an, la Suisse a ainsi importé jusqu‘à 3 GWh d’électricité de chez nos voisins germaniques, alors que la production éolienne dépassait les 35 GWh.

Cependant, ces prix négatifs se répercutent de manière limitée sur les grands consommateurs, car bien souvent leurs contrats à prix fixes ne leur permettent pas de bénéficier d’une gestion active de leur consommation et d’une optimisation du coût de leurs achats énergétiques en fonction des prix du marché spot.

Sur les marchés de gros, les prix de l’électricité sont conduits par l’offre et la demande, déterminés par plusieurs facteurs, tels que les prix des combustibles, et les conditions climatiques. Ceci contribue au maintien de l’équilibre nécessaire. Les prix chutent en cas de demande basse, signalant aux générateurs de réduire leur offre afin d’assurer l’équilibre du système. Sur l’ensemble des marchés infra-journaliers d’EPEX SPOT, ces prix peuvent passer la limite de zéro.

Cette situation arrive en cas de production intermittente importante et d’une faible demande.

En cas de production intermittente importante, les sources non-flexibles d’électricité (charbon, nucléaire,…), dont les recettes sont assurées par leurs ventes au prix de marché, ne peuvent être arrêtées et redémarrées rapidement et à moindre frais. Lors de la soumission de leurs offres, ces producteurs comparent les coûts engendrés par l’arrêt et le redémarrage de leurs centrales avec le coût de revente de leur énergie à des prix négatifs (ce qui signifie payer au lieu de recevoir de l’argent). Si leur outil de production est suffisamment flexible, ils arrêteront de produire de l’électricité pendant cette période, ce qui empêchera ou absorbera les prix négatifs sur le marché de gros et permettra un équilibre du système.

Pour les énergies intermittentes, qui dépendent de facteurs extérieurs, les prix négatifs sont une faible incitation à l’optimisation de la production, car leurs revenus sont généralement assurés en raison de la perception d ’un complément de revenu en fonction des kWh produits.